Gabriel Attal "prêt" à un "débat" avec Marine Le Pen sur l'agriculture

Le Premier ministre Gabriel Attal (g) rencontre des éleveurs dans une ferme à Janvilliers, le 15 février 2024 dans la Marne

By Anne RENAUT

Paris (AFP) - Le Premier ministre Gabriel Attal se dit "prêt" à un "débat" avec Marine Le Pen sur l'agriculture, mais refuse que le Salon qui s'ouvre samedi sous haute tension devienne "l'otage de joutes politiques".

"Si le RN (Rassemblement national, NDLR) veut transformer les champs en un terrain politique, alors je suis prêt à un débat sur l'agriculture avec Marine Le Pen", affirme le chef du gouvernement dans un article du Figaro mis en ligne mardi soir, à la veille d'une conférence de presse qu'il doit tenir sur la crise agricole.

"On ne l’entend pas beaucoup (Marine Le Pen, NDLR), sûrement parce qu’elle n'est pas à l’aise avec le bilan de son parti au Parlement européen. C’est trop facile de ne rien dire", estime-t-il.

La cheffe de file des députés RN lui a répondu sur le réseau X, estimant que "le Premier ministre cherche à brûler les étapes".

"Mais en pleine campagne européenne +l'arme anti-Bardella+ devrait surtout accepter le débat que lui a proposé notre tête de liste et président du Rassemblement National, Jordan Bardella", a-t-elle ajouté.

Ce dernier a aussi accusé Gabriel Attal de "jouer l'esquive". "Je suis prêt à débattre avec Gabriel Attal. Lui refuse", a-t-il affirmé sur X.

Une accusation qui lui a aussitôt valu une riposte. Le Premier ministre n'étant pas tête de liste, il n'y a "aucune raison qu’il débatte avec Jordan Bardella", a répliqué Matignon.

\- Arc républicain -

Le chef du gouvernement estime que pour le RN, "les agriculteurs sont de la chair à canon électorale. Ils montent sur des tracteurs et formulent beaucoup de propos d’estrade mais derrière on ne trouve ni bilan, ni cohérence".

Gabriel Attal a récemment affirmé vouloir travailler "avec tout le monde", y compris le RN et LFI à l'Assemblée nationale car "l'arc républicain, c'est l'hémicycle".

Mais le président de la République Emmanuel Macron l'a contredit dimanche en refusant de placer le RN dans "l'arc républicain", enferrant l'exécutif dans une notion historiquement vague, signe de ses difficultés persistantes à endiguer le parti d'extrême droite, favori des élections européennes.

"En cinq ans de Parlement européen, le bilan de Jordan Bardella (président du RN) sur l’agriculture c’est zéro : 0 rapport et 0 résolution sur le sujet. C'est 0 action mais 100% girouette puisque le RN a voté contre la PAC (politique agricole commune) en 2019, pour en 2021, et maintenant est de nouveau contre", accuse Gabriel Attal.

Marine Le Pen "n'était même pas dans l’hémicycle quand la loi Egalim (censée garantir une rémunération décente aux agriculteurs, NDLR) a été votée et ses députés ont voté contre. Quand on a fait la loi sur l'assurance-récolte, la seule députée RN présente dans l'hémicycle ne l’a pas votée", selon lui.

Mais pour le chef du gouvernement, le Salon de l'agriculture qui se tient porte de Versailles à Paris du 24 février au 3 mars, "ne peut pas être l’otage de joutes politiques" et "n’est pas le lieu pour mener la campagne des élections européennes".

Gabriel Attal, qui devrait visiter le salon mardi prochain, entend "être dans un échange franc, concret et sans tabou avec (les) agriculteurs".

L'alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) n'a pas relâché la pression sur l'exécutif depuis qu'elle a appelé à lever les blocages après une troisième salve d'annonces le 1er février, qui vont du versement d'aides d'urgence à des décrets de simplification en passant par une "pause" sur le plan de réduction des pesticides Ecophyto.

Le Premier ministre indique qu'il lancera une mission parlementaire confiée à deux députés de la majorité Alexis Izard (Renaissance) et Anne-Laure Babot (MoDem) pour proposer "d'ici la fin de l'été" une évolution de la loi Egalim afin qu'elle prenne mieux en compte le "coût de production des agriculteurs".

Gabriel Attal prendra en outre un arrêté cette semaine qui déclare toutes les filières agricoles "métiers en tension" pour recourir plus facilement à la main-d'œuvre étrangère.

© Agence France-Presse