Moldavie : les députés séparatistes prorusses de Transdniestrie se réunissent, suscitant des craintes

Des voitures passent de Moldavie en Transdrniestrie au poste de contrôle de la ville de Bender le 10 septembre 2021

Moscou (AFP) - Les députés de la Transdniestrie, une région séparatiste prorusse de Moldavie, se réunissent mercredi, officiellement pour aborder des questions économiques, sur fond de craintes d'une demande de rattachement du territoire à la Russie, exacerbées par les tensions avec l'Ukraine.

Ce petit territoire situé entre la Moldavie et l'Ukraine a fait sécession après une courte guerre en 1992 contre l'armée moldave. La Russie y maintient toujours 1.500 militaires censés assurer une mission de maintien de la paix, selon les chiffres officiels.

Mais depuis l'attaque russe de février 2022 contre Kiev, des conjectures ressurgissent régulièrement quant à une éventuelle attaque russe à partir de la Transdniestrie en direction de la grande ville portuaire ukrainienne d'Odessa, sur la mer Noire.

L'an passé, les autorités prorusses de Transdniestrie avaient accusé Kiev de vouloir attaquer le territoire qu'elles administrent après avoir, toujours selon elles, déjoué en mars un attentat ayant visé les dirigeants de cet Etat autoproclamé.

Le ministère russe de la Défense a encore assuré la semaine dernière, sans présenter de preuves, que l'Ukraine préparait une "provocation armée" contre la Transdniestrie.

Dans les médias locaux, des députés séparatistes ont quant à eux assuré que la réunion de mercredi était uniquement destinée à prendre des mesures en réponse à la récente introduction de droits de douane par Chisinau sur les importations transdniestriennes.

\- Une première depuis 2006 -

C'est néanmoins la première fois qu'un tel congrès a lieu depuis 2006, quand les députés séparatistes avaient justement décidé d'organiser un référendum sur une intégration de ce territoire à la Russie.

Au cours de ce scrutin, dont le résultat n'a pas été reconnu internationalement, la Transdniestrie avait voté à 97,1% pour son rattachement à Moscou.

Un ancien ministre local devenu opposant, Guennadiï Tchorba, a dit craindre que cette réunion ne soit l'occasion d'un nouvel acte d'allégeance à la Russie.

"Il est fort probable que (...) Moscou ait ordonné la tenue du congrès pour lancer un appel à la Russie au nom des citoyens vivant sur la rive gauche du Dniestr afin que la Transdniestrie devienne un sujet de la Fédération de Russie", a dit M. Tchorba, accusant le pouvoir russe de vouloir "déstabiliser la situation en Moldavie".

Ces déclarations ont été battues en brèche par des responsables séparatistes.

Le président local Vadim Krasnosselski a réaffirmé "l'engagement de la Transdniestrie envers les principes de maintien de la paix et de la sécurité", selon ses services, à l'issue mardi d'une rencontre avec Christopher Smith, un représentant de la diplomatie américaine.

Galina Antioufeïeva, la vice-présidente du Parlement séparatiste, a pour sa part dénoncé "un battage médiatique" et des rumeurs "d'une incroyable stupidité".

Comptant officiellement 465.000 habitants majoritairement russophones, la Transdniestrie, une étroite bande de terre qui longe le Dniestr, n'est pas reconnue en tant qu'Etat par la communauté internationale, y compris par Moscou.

La Russie la considère toutefois comme une potentielle tête de pont non loin des frontières de l'Union européenne.

Elle est régulièrement accusé par Chisinau et les pays européens de chercher à déstabiliser la Moldavie, anciennement dans sa zone d'influence mais désormais dirigée par des autorités résolument pro-européennes.

En décembre 2023, l'UE a décidé d'ouvrir des négociations d'adhésion à la fois avec l'Ukraine et la Moldavie.

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