Le petit-fils du fondateur de Swatch Group bientôt au conseil d'administration

Le PDG de Swatch Nick Hayek (à gauche) avec son neveu Marc Alexander Hayek, lors d'une conférence de presse le 10 mars 2016 à Biel en Suisse

Zurich (AFP) - Marc Hayek, le petit-fils du fondateur du groupe Swatch, doit entrer en mai au conseil d'administration, signe selon les analystes que le groupe horloger suisse propriétaire de Tissot, Longines et Omega peaufine une possible succession familiale.

En Bourse, cette décision a reçu un accueil mitigé, le groupe suisse faisant régulièrement l'objet de critiques concernant les questions de gouvernance.

Connu pour ses montres en platique multicolore, le groupe a annoncé jeudi qu'il proposait de faire entrer Marc Hayek, 53 ans, comme nouvel administrateur à la prochaine assemblée générale le 8 mai, portant l'organe de surveillance à sept membres.

Il siégera aux côtés de sa mère, Nayla Hayek (73 ans), la présidente du groupe, et de son oncle, Nick Hayek (69 ans), qui dirige le groupe depuis 2003 et est également membre du conseil d'administration depuis 2010.

Passionné de course automobile, Marc Hayek, a débuté sa carrière dans le groupe Swatch, à la communication des montres Swatch et au marketing de Certina, une autre marque du groupe, avant d'aller se diplômer en œnologie et créer un restaurant à Zurich.

Il est ensuite revenu dans l'entreprise en l'an 2000 où il a rapidement pris la direction de la marque de prestige Blancpain, puis s'est vu confier la présidence d'autres marques de grand luxe: Breguet, Glashütte Original et Jaquet Droz. Le groupe possède aussi les marques Omega qui a un autre directeur général, et Harry Winston, gérée par la mère de Marc Hayek.

Pour Lucas Solca, analyste chez Bernstein, cette future entrée au conseil d'administration est "un signe d'une possible succession à l'avenir" même si cela reste encore "à confirmer".

\- Relation orageuse avec les marchés -

Jon Cox, de Kepler Chevreux, autre analyste interrogé par l'AFP, y voit pour sa part un signe "clair que Marc va devenir le prochain directeur général".

Son oncle, Nick Hayek, a déjà dit par le passé que "le job est pour lui s'il le veut" et "compte tenu de la relation orageuse de Nick Hayek avec les marchés financiers, un changement devrait être vu comme positif", a-t-il estimé.

Nick Hayek est connu pour ses critiques des excès de la bourse. En septembre, il a encore posé pour le tabloïd Blick devant une caricature de presse se moquant des mouvements de panique sur les marchés.

En janvier, il avait eu des échanges houleux avec les analystes qui le questionnaient sur la gouvernance du groupe alors que son chiffre d'affaires mais surtout son bénéfice pour 2023 avaient déçu les marchés. Les ventes de l'horloger, qui emploie 33.600 salariés, se sont montées à près de 7,9 milliards de francs suisses (8,2 milliards d'euros à taux actuels), leur progression étant freinée par le franc suisse.

A 12H24 GMT, l'action perdait 0,72% à 206 francs suisses, à contre-tendance du SPI, l'indice élargi de la Bourse suisse, en hausse de 0,47%.

"La décision peut surprendre, car le marché attendait plutôt une ouverture vers un conseil d'administration avec plus de membres indépendants ainsi que du sang neuf pour revitaliser la performance du groupe", a commenté à l'AFP Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel.

Nicolas Hayek, le fondateur du groupe, est un personnage emblématique de l'horlogerie suisse. Décédé en 2010, cet entrepreneur suisse d'origine libanaise est considéré comme le sauveur de ce secteur, frappé de plein fouet dans les années 1970 par la crise du quartz.

A l'époque, la demande pour les montres mécaniques s'était effondrée face à l'arrivée sur le marché de modèles japonais à quartz plus fiables et bon marché. Au début des années 1980, le vif succès de la marque de montres en plastique multicolore Swatch avait redonné une seconde jeunesse à l'horlogerie suisse. Nicolas Hayek avait alors bâti un empire alors que la branche de réinventait en se redéployant sur le luxe.

Le groupe, qui a fortement contribué à conserver les emplois et le savoir-faire horloger en Suisse, a cependant toujours tenu à fabriquer des montres à tous les prix, allant des montres pour enfants Flik Flak aux montres de prestige comme Omega.

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