Le temps de parole de Villiers durant les européennes décompté sur CNews

Philippe de Villiers, le 25 avril 2019 à Paris

Paris (AFP) - Philippe de Villiers, qui anime une émission sur CNews, va voir son temps de parole comptabilisé, notamment durant la campagne des européennes, étant donné qu'il intervient dans le "champ politique", a indiqué jeudi le régulateur de l'audiovisuel et du numérique, l'Arcom.

Dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, la chaîne d'info, que boycottent souvent les élus écologistes, sera par contre "déchargée" de la contrainte d'équilibrer le temps de parole des écolos en plateau. Mais elle devra respecter son obligation de pluralisme en diffusant par exemple des extraits de meetings.

A partir du 15 avril, et comme avant chaque élection, les télés et radios seront tenues de respecter un principe d'équité dans le traitement des forces politiques avant le scrutin du 9 juin, a rappelé l'Arcom devant la presse.

Cette période de contrôle renforcé a été allongée de deux semaines par rapport à habituellement "car la campagne a déjà largement commencé", a souligné le président de l'Arcom Roch-Olivier Maistre.

Les temps de parole pris en compte sont ceux des candidats et de leurs soutiens, toutes émissions confondues.

Le souverainiste Philippe de Villiers, qui co-anime chaque semaine "Face à Philippe de Villiers" sur CNews, émission rediffusée sur Europe 1, va être comptabilisé avec les divers droite dès les prochains jours.

Il avait soutenu Eric Zemmour durant la dernière campagne présidentielle et avait été compté en tant que tel, puis avait été davantage en retrait. "Il est revenu à partir de l'automne et nous avions fait savoir que l'Arcom se réservait le droit de le comptabiliser s'il intervenait dans le champ politique", a précisé M. Maistre.

CNews est régulièrement boycottée par de nombreux élus de gauche, notamment issus de la France insoumise (LFI) et des écologistes.

La tête de liste écolo pour les européennes, Marie Toussaint, a annoncé dimanche décliner l'invitation de la chaîne d'info à un débat, refusant de "participer à l'effort de trumpisation de l'espace médiatique" mené selon elle par la chaîne.

"On ne peut forcer une formation politique" à intervenir en plateau et la chaîne en est donc "déchargée", a indiqué le président de l'Arcom.

Le régulateur est en train d'actualiser la liste des personnalités à inclure et leur classement politique. L'ancienne ministre de la Culture Roselyne Bachelot, qui intervient sur BFMTV, en est.

Outre cette attention particulière au pluralisme, l'Arcom, qui a reçu jeudi les responsables des principales chaînes, radios et plateformes, a souligné "l'enjeu de fiabilité de l'information, compte tenu des risques de manipulation de l'information et d'ingérences étrangères".

Elle a notamment préconisé aux plateformes une série de bonnes pratiques, dans la lignée de la Commission européenne. En particulier, la période de silence électoral ("réserve"), la veille du scrutin, s'applique également en ligne.

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