Le Parlement espagnol approuve un projet de loi d'amnistie pour les séparatistes catalan

Le président catalan Pere Aragones s'adresse aux médias devant le Parlement espagnol à Madrid, Espagne, jeudi 21 avril 2022. ©AP Photo/Manu Fernandez, File

Le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a présenté l'amnistie comme un moyen de dépasser la tentative de sécession de 2017 par les dirigeants de la Catalogne.

Le projet de loi d’amnistie a été approuvé par 178 voix contre 172 à la chambre basse du Parlement, qui compte 350 sièges.

Le texte doit désormais être soumis au Sénat, contrôlé par la droite, opposée à cette mesure. Puis devra ensuite revenir à la chambre basse, son adoption définitive n’étant pas prévue avant mai.

La crise de sécession a éclaté en 2017, lorsque l'administration régionale dirigée par Carles Puigdemont a organisé un référendum sur l'indépendance, défiant l'autorité du gouvernement national ainsi qu'une décision de la plus haute cour d'Espagne selon laquelle cette dernière violait la constitution. Madrid a envoyé la police pour tenter d'empêcher la tenue du référendum, ce qui a donné lieu à des manifestations qui ont tourné à la violence.

Des enquêtes judiciaires en cours

Le Parlement catalan avait déclaré l'indépendance de la Catalogne, le 27 octobre de la même année, mais n'avait pas réussi à obtenir le soutien de la communauté internationale. Face à cet échec, Carles Puigdemont et plusieurs autres hauts fonctionnaires ont ensuite fui l'Espagne.

Des enquêtes judiciaires récentes ont accusé l'ancien président régional de terrorisme pour avoir prétendument organisé des manifestations massives, qui ont donné lieu à des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Les autorités avaient dû procéder à la fermeture des routes, des lignes ferroviaires et de l'aéroport de Barcelone, en 2019.

Pedro Sánchez a accepté l'amnistie pour s'assurer le soutien de deux partis séparatistes catalans, après qu'une élection nationale peu concluante en juillet dernier les a transformés en faiseurs de roi.

L'opposition conservatrice accuse le chef du gouvernement espagnol de brader l'État de droit en échange d'un nouveau mandat. Elle avait organisé d'importantes manifestations au cours des derniers mois.

Il n'est pas certain que cet accord sur une amnistie ajoutera de la stabilité au gouvernement minoritaire de Pedro Sánchez.

le parti séparatiste Junts, dirigé par Carles Puigdemont, a déclaré que Pedro Sánchez leur devait l'amnistie en raison du soutien que lui et son parti lui ont apporté afin qu'il se maintienne au pouvoir.

Le parti de Pedro Sánchez a eu beaucoup de mal à élaborer un projet de loi qui satisfasse les séparatistes et qui sera certainement examiné de près par les tribunaux. Le Parlement a rejeté une version antérieure du projet de loi à la fin du mois de janvier lorsque Junts a déclaré qu'il n'en faisait pas assez pour protéger Carles Puigdemont. Le projet de loi a ensuite été renvoyé à une commission parlementaire, où il a été modifié pour répondre aux attentes de Junts.

Carles Puigdemont vit aujourd'hui en Belgique, où il est devenu membre du Parlement européen. Fugitif de la justice espagnole, il se considère comme un exilé politique.

Le vote de jeudi intervient un jour après que le dirigeant régional de la Catalogne a appelé à des élections anticipées. Cette décision a ajouté plus d'incertitude à la politique espagnole, et a conduit Pedro Sánchez à annuler les plans pour un budget 2024 en raison de la difficulté qu'il aurait eu à essayer d'obtenir le soutien des deux partis séparatistes pendant la période électorale.

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