Explosions dans le centre de l'Iran, des médias américains évoquent des frappes israéliennes

Des Iraniens brandissent un drapeau et la maquette d'un missile après après l'attaque de missiles et de drones iraniens contre Israël, le 15 avril 2024, dans le centre de Téhéran.

Téhéran (AFP) - Plusieurs explosions ont été rapportées tôt vendredi dans le centre de l'Iran, de hauts responsables américains cités par des médias faisant état d'une attaque israélienne en représailles aux tirs de drones et de missiles sans précédent contre Israël le weekend dernier.

L'Iran a minimisé l'impact des explosions sans accuser directement Israël, qui ne les a pas revendiquées.

Israël avait juré de faire payer à l'Iran le prix de son attaque inédite contre le territoire israélien, menée le weekend dernier en représailles à une frappe meurtrière lancée le 1er avril contre le consulat iranien à Damas et imputée à Israël.

Cette dernière poussée de fièvre intervient dans une région déjà ébranlée par la guerre entre Israël et le Hamas qui a fait en plus de six mois 33.970 morts dans la bande de Gaza, essentiellement des civils, selon le mouvement islamiste palestinien.

Tôt vendredi, trois explosions près d'une base militaire à Qahjavarestan, entre la ville iranienne d'Ispahan (centre) et son aéroport, ont été rapportées par l'agence de presse Fars. Des drones ont été abattus mais il n'y a pas eu d'attaque par missiles "jusqu'à présent", a précisé le porte-parole de l'agence iranienne de l'espace.

S'exprimant devant plusieurs centaines de personnes dans le nord-est du pays, le président iranien Ebrahim Raïssi n'a pas évoqué les explosions survenues quelques heures auparavant.

Citant des "sources bien informées", l'agence de presse iranienne Tasnim indique qu'"aucune information ne fait état d'une attaque de l'étranger".

Selon le journal américain The New York Times, qui cite des responsables iraniens, l'attaque a été menée par de petits drones, possiblement lancés depuis le territoire iranien.

Cité par le journal américain The Washington Post, un responsable israélien a déclaré sous couvert d'anonymat, que la frappe était une riposte à l'attaque du weekend et qu'elle visait à montrer à l'Iran qu'Israël avait la capacité de frapper à l'intérieur du pays.

\- Sites nucléaires: "aucun dégât" -

Les installations nucléaires dans la région d'Ispahan sont "totalement en sécurité", a indiqué l'agence Tasnim dans la foulée de l'attaque. L'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a confirmé qu'il n'y avait "aucun dégât" sur les sites nucléaires, réitérant ses appels à la retenue.

Des responsables américains cités par plusieurs télévisions américaines dont la chaîne ABC News, ont estimé que ces explosions étaient liées à une attaque israélienne contre l'Iran en représailles aux frappes iraniennes contre Israël le 13 avril.

Washington a été prévenu jeudi de l'attaque israélienne sur l'Iran mais n'a ni approuvé l'opération ni joué aucun rôle dans son exécution, ont déclaré des responsables cités par les chaînes américaines NBC et CNN.

Alliés historiques d'Israël, les Etats-Unis martèlent publiquement depuis plusieurs jours qu'ils ne qu'ils ne veulent pas "d'une guerre étendue avec l'Iran".

L'ambassade américaine en Israël a ordonné vendredi à ses employés et à leurs familles de limiter leurs déplacements à l'intérieur du pays. L'ambassade de Chine en Iran a appelé ses ressortissants à prendre leurs "précautions", tandis que les appels au calme se sont multipliés à travers le monde.

\- Frappes en Syrie -

Des frappes israéliennes ont par ailleurs visé vendredi à l'aube des sites de la défense aérienne de l'armée dans le sud de la Syrie, selon le ministère syrien de la Défense.

Toujours vendredi, l'armée israélienne a dit avoir frappé dans le sud du Liban frontalier du nord d'Israël une "structure militaire" du Hezbollah ainsi que des combattants de ce mouvement libanais soutenu par l'Iran.

Israël, qui a dit avoir intercepté avec ses alliés la quasi-totalité des quelque 350 drones et missiles lancés par Téhéran le 13 avril, a affirmé que l'attaque iranienne ne resterait pas "impunie". Il s'agissait de la première attaque directe jamais menée par l'Iran contre son ennemi juré.

L'Iran avait dit avoir agi en "légitime défense" après l'attaque qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril et coûté la vie à sept de ses militaires dont deux hauts gradés. Téhéran a accusé Israël qui n'a ni confirmé ni démenti.

"Les actions de légitime défense et contre-mesures de l'Iran sont terminées, donc le régime terroriste israélien doit arrêter tout nouvel aventurisme militaire contre nos intérêts", avait dit jeudi le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

"Nous sommes au bord d'une guerre au Moyen-Orient qui provoquera des ondes de choc dans le reste du monde", a souligné jeudi le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, en appelant à la retenue.

Vendredi, les craintes d'un embrasement de la région se sont encore exacerbées.

\- Aucun répit à Gaza -

Pendant ce temps, la guerre dans la bande de Gaza assiégée, où les 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine selon l'ONU, ne connait aucun répit.

Elle a été déclenchée par une attaque inédite menée le 7 octobre 2023 par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 129 restent retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.

L'armée israélienne, qui a lancé des représailles dans la bande de Gaza où elle dit vouloir anéantir le Hamas, a indiqué vendredi poursuivre ses opérations dans le centre du territoire. Ces dernières 24 heures, l'armée rapporte avoir détruit "environ 25 cibles y compris des enceintes militaires, des postes d'observation et d'autres infrastructures militaires".

Vendredi, le G7 a dit son opposition à une opération militaire à Rafah, voulue par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Cette ville frontalière avec l'Egypte où sont massés plus d'un million et demi de déplacés gazaouis est présentée par M. Netanyahu comme le dernier grand bastion du Hamas.

Le G7 a également dénoncé "le nombre inacceptable" de civils tués à Gaza.

Les pourparlers sur une trêve à Gaza associée à une libération d'otages piétinent depuis des mois, les belligérants s'accusant mutuellement de les bloquer.

Jeudi soir à Tel-Aviv, des proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté pour réclamer leur libération avant la pâque juive qui commence lundi soir.

© Agence France-Presse