Les Maldives votent sur fond de rivalité entre la Chine et l'Inde

Le président des Maldives, Mohamed Muizzu, vote aux législatives, le 21 avril 2024 à Malé

Malé (Maldives) (AFP) - Les Maldives ont voté avec enthousiasme dimanche lors d'élections législatives qui apparaissent comme un test pour la politique de rapprochement avec la Chine du président Mohamed Muizzu, au détriment de l'Inde, longtemps puissance dominante sur l'archipel touristique de l'océan Indien.

Le responsable des élections, Fuad Thaufeeq, a déclaré que le taux de participation avait atteint 73% à une demi-heure de la clôture du vote. Quelque 285.000 électeurs étaient appelés aux urnes.

Les résultats sont attendus tôt lundi matin.

Aux dernières élections législatives d'avril 2019, le taux de participation à la clôture avait atteint 80%, selon la Commission électorale.

Le président Muizzu a été l'un des premiers à voter à l'école Tajuddin, dans la capitale Malé.

Les Maldives, qui occupent une position stratégique sur les principales routes maritimes internationales est-ouest, sont devenues un foyer de rivalité géopolitique entre l'Inde et la Chine.

"La géopolitique a été très présente en arrière-plan de la campagne des partis pour les élections de dimanche", a déclaré à l'AFP un collaborateur de M. Muizzu, sous couvert de l'anonymat.

M. Muizzu s'est engagé à expulser les 89 militaires indiens stationnés dans le pays insulaire pour piloter trois avions offerts aux Maldives par l'Inde afin d'effectuer des patrouilles sur leur vaste territoire maritime.

Le retrait a commencé en mars avec le départ de 25 soldats stationnés dans l'atoll d'Addu, le plus méridional de l'archipel.

"Il y travaille", a développé son collaborateur, estimant cependant que "le parlement n'a pas coopéré avec lui".

Depuis que Mohamed Muizzu, 45 ans, est entré en fonction fin 2023, les députés ont bloqué trois de ses nominations au gouvernement et refusé certaines de ses propositions budgétaires.

\- Accord avec Pékin -

Le parlement actuel, dominé par le Parti démocrate maldivien (MDP) pro-Inde de son prédécesseur Ibrahim Mohamed Solih, a cherché à contrecarrer ses efforts pour réorienter la diplomatie de l'archipel.

Les divisions au sein des principaux partis politiques, y compris le Congrès national du peuple (PNC) de Muizzu, devraient empêcher de dégager une claire majorité lors du scrutin de dimanche, selon les observateurs, et rendre nécessaire la formation d'une coalition.

La libération jeudi du mentor du dirigeant, l'ancien président Abdulla Yameen (2013-2018), à la suite de l'annulation par un tribunal de sa condamnation à onze ans de prison pour corruption et blanchiment d'argent, devrait renforcer M. Muizzu.

La Haute Cour des Maldives a ordonné un nouveau procès, estimant que celui qui s'est tenu en 2022 n'avait pas été équitable.

M. Yameen a promis de poursuivre la campagne anti-indienne qui a permis à son allié de remporter la présidentielle de septembre dernier.

M. Muizzu a attribué en avril des contrats d'infrastructure à des entreprises publiques chinoises, une décision controversée en pleine campagne pour les élections législatives.

Toujours en mars, Malé a signé un accord "d'assistance militaire" avec Pékin qui vise à "renforcer les liens bilatéraux", selon le ministère maldivien de la Défense

L'Inde considère l'archipel comme faisant partie de sa sphère d'influence, mais les Maldives ont basculé dans l'orbite de la Chine - leur plus important créancier étranger - avec l'élection de M. Muizzu.

© Agence France-Presse