La justice autorise les lâchers de grand tétras dans les Vosges

Oiseau symbolique de l'air pur des massifs, le grand tétras est menacé de disparition totale dans les Vosges

Metz (AFP) - Les lâchers de grand tétras pourront bien avoir lieu dans le cadre du plan de réintroduction du plus gros oiseau terrestre sauvage d'Europe dans les Vosges, a tranché la justice administrative vendredi dans une ordonnance consultée par l'AFP.

Alors que le Parc Naturel Régional (PNR) des Ballons des Vosges s'apprêtait à réintroduire cet oiseau, également connu sous le nom de coq de bruyère, dans le massif vosgien, le tribunal administratif de Nancy avait été saisi d'une requête en urgence afin de faire suspendre l'arrêté préfectoral l'y autorisant.

Cinq associations de protection de l'environnement, des animaux, ou du massif des Vosges avaient contesté l'arrêté en justice, arguant que l'opération était coûteuse, inutile, et néfaste pour les oiseaux prélevés en Norvège, capturés et transportés jusqu'en France.

Le juge des référés a rejeté vendredi cette requête, arguant que la requête ne remplissait pas de caractère urgent: même si "l'application de l'arrêté est imminente", les volatiles étant déjà arrivés dans la région, le lâcher n'est "pas susceptible de porter une atteinte suffisamment grave à la protection des oiseaux (...) eu égard au nombre très limité d'oiseaux (40 par an sur cinq ans)", a estimé Sébastien Davesne dans son ordonnance.

Par ailleurs, les opérations "ont été conçues par une équipe vétérinaire expérimentée et seront encadrées par deux vétérinaires", a noté le magistrat, soulignant que "le taux de mortalité lors de telles opérations est faible". Il n'est pas non plus établi que les lâchers induiraient des atteintes graves à l'environnement.

La justice a aussi conclu que cette réintroduction répondait à "un motif d'intérêt général" de préservation de la biodiversité en "évitant la disparition prochaine de cette espèce dans ce massif".

Sept volatiles ont été prélevés en Norvège, dont quatre sont déjà arrivés dans les Vosges, attendant cette décision de justice pour être relâchés.

Ils ont passé la nuit "en captivité dans un tunnel en forêt", près du lieu du lâcher, avec "une clôture électrique pour qu'aucun prédateur ne puisse aller vers ces oiseaux pendant la nuit. On a monté la garde devant le tunnel de façon permanente", a indiqué à l'AFP Laurent Seguin, président du Parc naturel.

Le lâcher est effectué vendredi après-midi, après ce feu vert judiciaire.

Le projet, auquel l’État a donné son feu vert mi-avril, passe par la capture de 40 oiseaux par an sur cinq ans en Norvège, pays qui compte 200.000 grand tétras.

© Agence France-Presse