Pourquoi le président chinois se rend-il en Serbie et en Hongrie ?

Des travailleurs s’accrochent à des cordes pour installer un drapeau national chinois sur un gratte-ciel menant à l’aéroport de Belgrade, en Serbie le samedi 4 mai 2024. ©Darko Vojinovic/Copyright 2024 The AP. All rights reserved

Des drapeaux chinois et serbes ont été hissés à Belgrade pour la venue du président chinois Xi Jinping mardi.

Après une étape à Paris, la visite d'État de Xi Jinping en Serbie a symboliquement lieu le jour du 25ème anniversaire du bombardement de l’ambassade de Chine à Belgrade par l’aviation américaine lors d'une opération de l’OTAN au Kosovo en 1999.

Une erreur selon Washington. Ce bombardement reste jusqu’à aujourd’hui une épine dans le pied des relations sino-américaines.

"Peut-être aussi dans une certaine mesure, sa mémoire est maintenue quelque peu, artificiellement vivante afin que l’on puisse la solliciter chaque fois qu’on le juge nécessaire, pour mettre un peu de pression", estime Sven Biscop, professeur de politique étrangère et de sécurité européenne à l’Université de Gand et à l’Institut Egmont.

Toutefois, le professeur estime que cette commémoration ne devrait pas "25 ans plus tard, faire obstacle à l’amélioration des relations entre la Chine et les États-Unis".

Un drapeau chinois est placé près de fleurs sur un monument sur le site de l'ancienne ambassade de Chine à Belgrade, en Serbie, le samedi 4 mai 2024.Darko Vojinovic/Copyright 2024 The AP. All rights reserved

Investissements directs chinois

Ces dernières années, les investissements chinois coulent à flot en Serbie, pays non-membre de l’Union européenne. Pékin possède des mines et des usines, construit des routes et finance la construction d’une ligne de chemin de fer entre Belgrade et Budapest. Le train de fabrication russe qui y circule sera bientôt remplacé par des locomotives chinoises.

En parallèle, la Chine est accusée de pollution et de dégradation de l’environnement en Serbie. Une usine de pneu chinoise fait également face à des accusations de trafic d’êtres humains et d’exploitation de travailleurs Vietnamiens et Indiens dans le pays des Balkans.

"Dans des pays comme la Serbie, d’une certaine manière, l’économie est au premier plan, tandis que l’écologie est au second plan", explique Mijat Lakicevic, analyste économique chez Novi Magazin, un magazine d’économie serbe.

Affiche souhaitant la bienvenue au président chinois et panneau affichant "Personne n’a été blessé dans mon quart de travail aujourd’hui," devant l’aciérie Zelezara Smederevo.Darko Vojinovic/Copyright 2019 The AP. All rights reserved.

Porte d'entrée de Pékin

Xi Jinping se rendra ensuite les 8 et 10 mai en Hongrie, jugée proche de Pékin et Moscou.

Le premier membre de l’Union européenne ayant rejoint les Nouvelles routes de la soie est vu comme une porte d’entrée de Pékin en Europe. En Hongrie, la Chine investit massivement dans les usines de véhicules électriques.

"Pour les Chinois, il est maintenant très important de délocaliser au moins une partie de leur usine de production de Chine en Europe pour rester et produire dans les limites de l’Union européenne", estime Tamas Matura, analyste et fondateur du Centre d’études asiatiques d’Europe centrale et orientale, "probablement en raison du niveau croissant de protectionnisme en Europe".

Construction d'une usine de batteries pour véhicules électriques par la société chinoise CATL à Debrecen, en Hongrie, le dimanche 5 mai 2024.Denes Erdos/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.

A contrario, Bruxelles prône des mesures protectionnistes pour limiter les ambitions économiques chinoises en Europe. La Commission européenne a notamment ouvert des enquêtes sur les subventions chinoises aux véhicules électriques et aux panneaux solaires, accusées de fausser la concurrence.

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