L'Ukraine dit avoir déjoué un complot russe visant à assassiner Zelensky

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, le 16 février 2024 à Paris

Kiev (Ukraine) (AFP) - Les autorités ukrainiennes ont affirmé mardi avoir déjoué un complot russe visant à assassiner le président Volodymyr Zelensky et plusieurs hauts responsables militaires jouant un rôle clé dans la résistance de Kiev à l'invasion russe.

Le service ukrainien de sécurité (SBU) a annoncé dans un communiqué avoir "démantelé un réseau d'agents" des services de sécurité russes (FSB) qui préparait "l'assassinat du président ukrainien", et avoir arrêté deux officiers ukrainiens qui en faisaient partie.

D'autres "hauts représentants" des sphères militaires et politiques auraient également été ciblés, comme le chef du renseignement militaire Kyrylo Boudanov et celui du SBU Vassyl Maliouk, a précisé le communiqué.

Depuis le début de l'invasion russe, en février 2022, Kiev a déjà fait état de plusieurs tentatives d'assassinat visant le président Zelensky et attribuées à Moscou.

La Russie a longtemps été réputée avoir des agents dans l'armée et l'appareil sécuritaire ukrainiens, même si la résistance de l'Ukraine à l'attaque russe et l'échec de l'offensive sur Kiev, au printemps 2022, ont montré les limites des services secrets de Moscou.

Cette fois, le SBU a affirmé avoir arrêté "deux colonels" du service d'Etat ukrainien assurant la sécurité de responsables publics.

"Ils ont été arrêtés il y a quelques jours", a précisé à l'AFP une source au sein des forces de l'ordre ukrainiennes. "C'étaient des hommes vraiment haut placés, l'un d'eux occupait le poste de chef d'un département", a-t-elle ajouté.

Ces deux responsables auraient "transmis des informations confidentielles" à la Russie et avaient été recrutés par le FSB avant l'invasion de 2022, a de son côté affirmé le SBU.

\- "Cadeau" pour Poutine -

Les suspects sont accusés de "haute trahison" et de "préparatifs pour un attentat terroriste" et risquent la réclusion à perpétuité, a ajouté cette source.

Les deux hommes auraient notamment voulu recruter des militaires "proches" du service de sécurité du président Zelensky afin de le "prendre en otage et de le tuer", d'après le SBU.

Sur une vidéo publiée par le SBU, un homme au visage flouté raconte qu'il devait recommander au FSB une personne prête à "bloquer" le président, probablement au moment où celui-ci allait enregistrer son discours traditionnel du soir.

L'un des membres de ce réseau supposé se serait procuré des drones et des explosifs, a affirmé le SBU.

Ce réseau avait prévu la "liquidation" cette semaine de Kyrylo Boudanov, crédité pour des opérations militaires risquées sur le sol russe et dont la mort aurait été un "cadeau" à Vladimir Poutine pour son investiture mardi, d'après le SBU.

Selon cette source, l'un des colonels arrêtés avait pour tâche d'observer un bâtiment où M. Boudanov devait arriver en voiture et transmettre cette information au FSB pour que Moscou frappe le site avec un missile.

\- "Forte explosion" -

Ce colonel était ensuite censé lancer une attaque au drone contre d'éventuels survivants après quoi un deuxième missile russe aurait dû être envoyé pour "effacer les traces", toujours selon le SBU.

Sur un enregistrement audio publié par le SBU, on peut entendre la voix d'un homme présenté comme un responsable du FSB en train de donner des instructions à son interlocuteur qui demande combien de temps il aura pour quitter le site avant la frappe.

"Tu auras au moins 20 ou 30 minutes" pour partir, explique l'agent présumé du FSB. Ensuite, "tu entendras de toute vraisemblance une forte explosion", ajoute-il.

Le suspect devait recevoir une rémunération comprise entre 50.000 et 80.000 dollars américains (46.000 à 74.000 euros), a ajouté le SBU dans sa vidéo.

Kiev a dénoncé à plusieurs reprises des tentatives d'assassinat contre son président et d'autres hauts responsables ou leurs proches.

Par exemple, en avril, un homme soupçonné d'aider le renseignement russe à préparer un attentat contre Volodymyr Zelensky avait été arrêté en Pologne, selon les parquets polonais et ukrainien.

La Russie a été accusée à maintes reprises d'avoir tué des adversaires du Kremlin, dans le pays comme à l'étranger, mais elle a toujours rejeté ces allégations.

© Agence France-Presse