Du fromage au tournage: à Cannes, une jeunesse rurale pas souvent à l'écran

L'acteur Clément Favreau lors d'un photocall pour le film "Vingt Dieux" au 77e Festival de Cannes, le 17 mai 2024

Cannes (AFP) - "C'est un tout autre monde": une réalisatrice jurassienne a débarqué vendredi sur la Croisette avec un film d'apprentissage au pays du Comté, porté par la grâce de ses acteurs amateurs qui vont devenir agriculteurs.

"Vingt Dieux" suit les traces de Totone (Clément Favreau), un jeune homme de 18 ans, qui tue le temps entre bals ruraux et soirées bière.

L'horizon, peuplé de fruitières à Comté et de vaches laitières, s'obscurcit lorsqu'il se retrouve trop tôt en charge de sa petite sœur et de la maison.

Totone trouve une combine: gagner le concours régional du meilleur Comté, en fabriquant avec ses copains et les moyens du bord son propre fromage, et pour être sûr de l'emporter, dérober quelques dizaines de litres du lait, qui a servi à fabriquer le fromage lauréat l'an passé.

"Le lait qui gagne 30.000 balles, pas celui qui fait de la Vache Qui Rit !", lance Totone à ses copains. Mais tout se complique quand il tombe amoureux de Marie-Lise (Maïwene Barthelemy), la jeune femme qui produit ce lait.

Présenté dans la section Un Certain Regard, ce premier film est l'une des œuvres qui ausculte cette année à Cannes "la France périphérique", mais sans pathos.

Sa réalisatrice, Louise Courvoisier, a grandi dans un petit village du Jura et a voulu écrire un film fidèle à l'ambiance de sa jeunesse, qu'elle ne voit jamais représentée au cinéma.

"J'avais vraiment envie d'écrire un film ancré dans le territoire, je me suis un peu inspirée des gens avec qui j'ai grandi, de mes collègues de village. C'était important que ce soit des acteurs non professionnels qui viennent du coin, qui se reconnaissent dans l'histoire", a-t-elle raconte à l'AFP à Cannes.

"Je voulais éviter tout misérabilisme, faire quelque chose de très joyeux avec de l'humour", a-t-elle précisé.

Totone, "c'est un personnage qui aime bien traîner avec les copains, traîner les buvettes, boire des coups, faire les cons en moto... Ça, ça me représente bien, et même beaucoup !", explique Clément Favreau, qui découvre les paillettes de Cannes, et projette après ses étMaïwene Barthelemyudes de reprendre une exploitation de volailles.

Maïwene Barthelemy voit de son côté dans son personnage une Lara Croft, son héroïne, version jurassienne.

Et si une autre opportunité de tournage se présente ? "On n'est pas fermés, on verra !", lance-t-elle. Mais seulement si cela ne l'empêche pas de réaliser son rêve: devenir agricultrice.

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