La Serbie va-t-elle adopter une loi "russe" sur les ONG financées par l'étranger ?

Le Premier ministre serbe Milos Vucevic présente un plan pour le nouveau gouvernement aux membres du Parlement à Belgrade, Serbie, le mercredi 1er mai 2024. ©Darko Vojinovic/AP

Restreindre les activités des ONG et des médias étrangers qui opèrent en Serbie, tel est l'objectif de cette loi proposée par le Mouvement socialiste serbe.

Le Parlement géorgien a récemment approuvé un texte similaire, en dépit d'une contestation massive d'une large partie de la population, un texte lui-même basé sur une loi adoptée par la Russie il y a des années pour lutter contre l'"ingérence étrangère".

De nouvelles élections dans la capitale serbe

Cette proposition intervient alors que les électeurs serbes sont appelés à se rendre de nouveau aux urnes à Belgrade pour de nouvelles élections municipales, le scrutin de décembre dernier ayant été entaché par des suspicions de fraude électorale.

Dans ce contexte, et à l'approche des élections européennes, beaucoup considèrent que ce projet de loi pourrait être favorable aux socialistes serbes.

"Je crois vraiment que c'est une menace pour la République de Serbie s'il existe des ONG financées par l'étranger qui travaillent ici pour promouvoir l'indépendance du Kosovo, pour faire de la propagande autour du génocide de Srebrenica et de la destruction de la Republika Srpska", considère Đorđe Komlenski, leader parlementaire du Mouvement socialiste.

"Il ne devrait pas être rentable de trahir son propre pays et son propre peuple", déclare quant à lui Bojan Torbica, député du Mouvement socialiste.

Un projet controversé

Les ONG craignent que le projet de loi ait un impact important sur leur avenir et sur celui de la société serbe.

"Je considère ces annonces comme un moyen d'intimider la société civile et les médias indépendants, c'est-à-dire les médias qui examinent de manière critique le comportement du gouvernement et, d'autre part, les organisations qui tentent de réformer la société en proposant des mesures politiques", affirme Marko Milosavljević de l'Initiative de la jeunesse pour les droits de l'Homme.

"À travers ces annonces, nous voyons en réalité une forme d'interdiction de défendre certains principes démocratiques", ajoute-t-il.

Les élections du 2 juin à Belgrade pourraient être déterminantes pour le processus d'adhésion de la Serbie à l'Union européenne, le Parlement européen ayant déclaré qu'il ne pouvait pas considérer le scrutin de décembre dernier comme "libre et équitable", en raison des accusations de fraude.

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