Ursula der Leyen s'oppose à ses rivaux sur le budget de l'UE et la guerre commerciale avec la Chine

Ursula von der Leyen et Nicolas Schmit débattent avant les élections européennes ©AP Photo

Quatre têtes de liste aux élections européennes se sont retrouvés pour un débat mardi, consacré à l’économie. Le montant du budget européen et son utilisation a révélé les lignes de fracture entre les participants.

Candidate à un second mandat à la tête de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (PPE) a évoqué le financement d’un nouveau système européen de défense aérienne.

"Je plaiderais par exemple pour un bouclier de défense aérienne en tant que projet européen commun", explique celle qui a été ministre de la Défense en Allemagne. Si cette une initiative devait se réaliser, elle pourrait nécessiter un financement important.

Mais derrière les propositions, la question budgétaire indique les désaccords sur la manière d'ajuster les finances de l'UE.

"On ne réduit pas le budget, on l'augmente", estime le libéral Sandro Gozi. Il affirme que de nouvelles sources de revenus de l'UE, telles qu'une taxe sur les déchets alimentaires, pourraient aider à financer les défis comme le changement climatique et la sécurité. "On ne peut pas se diriger vers l'avenir en regardant dans le rétroviseur".

Les dépenses de l’UE se sont élevées à près de 250 milliards d'euros en 2022. Or depuis la pandémie, les Etats membres ont dépensé beaucoup d'argent pour soutenir l’activité économique. Dans ce contexte, le prochain cadre financier de sept ans de l'UE sera l'une des tâches les plus difficile de la future Commission.

L'approche de Sandro Gozi a été largement soutenue par le candidat social-démocrate Nicolas Schmit, actuellement commissaire européen en charge de l’Emploi. Il affirme que le budget actuel n'est "pas énorme" et que le renforcement de la défense à la suite de l'agression russe en Ukraine "ne sera pas possible sans un certain endettement de l'Europe".

Ursula von der Leyen s'est montrée moins précise quant à ses intentions. Elle suggère qu'elle pourrait être prête à réduire les subventions agricoles et l'aide aux régions les plus pauvres, afin de donner la priorité à de nouveaux domaines de dépenses.

"L'agriculture et la cohésion joueront un rôle sans aucun doute, mais nous devons nous concentrer sur ce qui est le plus important à l'heure actuelle", assure la tête de liste des chrétiens-démocrates.

Le représentant de l'extrême droite, Anders Vistisen, s'est engagé à supprimer 6 000 postes au sein des institutions et à réduire de moitié les agences de l'Union. Mais il n'a pas précisé les économies exactes qu'il comptait réaliser avec ces coupes.

Guerre commerciale ?

Les candidats se sont également opposés sur la manière de faire face aux pratiques commerciales agressives de Pékin. Ursula von der Leyen laisse entendre qu'elle s'écarterait des États-Unis, qui ont imposé la semaine dernière de fortes augmentations des droits de douane sur les produits chinois, notamment les puces, les panneaux solaires et les véhicules électriques.

"*Nous partageons certaines des préoccupations de nos homologues \[américains\], mais nous avons une approche différente, une approche beaucoup plus adaptée*", insiste la responsable allemande\. Elle rappelle que l'UE a entrepris une enquête de plusieurs mois pour déterminer si les pratiques commerciales de la Chine sont conformes aux normes mondiales\.

"*S'il se confirme ce que je soupçonne, à savoir que de telles subventions \[chinoises\] existent, je peux garantir que le niveau des droits de douane que nous imposerons correspondra au niveau des dommages*", précise\-t\-elle\.

Avec moins de candidats sur le podium, l’atmosphère s’est révélée moins tendue que lors du débat le mois dernier à Maastricht, au cours duquel Ursula von der Leyen avait également débattu avec Nicolas Schmit et Anders Vistisen sur l'Ukraine et la situation à Gaza.

Renew Europe semble avoir décidé de changer de visage pour ces rencontres. Après une performance en avril jugée décevante pour Marie-Agnes Strack-Zimmerman, le groupe centriste met en avant l’Italien Sandro Gozi, candidat sur la liste française du président Emmanuel Macron.

Si Nicolas Schmit a invoqué à plusieurs reprises Jacques Delors, le socialiste français qui a dirigé la Commission 1985 à 1994, Sandro Gozi a insisté sur le bilan de ses adversaires.

L'absence de progrès sur la réforme des marchés de capitaux de l'UE est "le plus grand échec du PPE", assure l’Italien.

Si Anders Vistisen explique qu'il voulait forcer le réseau social chinois TikTok à être vendu ou interdit, Sandro Gozi l'accuse de s'opposer à la législation de l'UE sur les services numériques (Digital Services Act - DSA), destinée à contrôler les grandes plateformes en ligne.

Les Européens se rendent aux urnes du 6 au 9 juin pour élire les 720 députés qui siégeront au Parlement européen pendant cinq ans.

Selon les sondages actuels, le Parti populaire européen d’Ursula von der Leyen devrait rester la première force, ce qui devrait favoriser sa reconduction.

Toutefois, le PPE devra probablement trouver des partenaires de coalition pour former une majorité. Mais avant cela, Ursula von der Leyen devra être proposée comme candidate par les 27 chefs d’Etat et de gouvernement.

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