Cette sculpture de sable est vieille de 130 000 ans !

Helm et al. 2024, Rock Art Research

Dessiner dans le sable, faire des pâtés ou des sculptures plus évoluées, un plaisir auquel tout le monde, ou presque, a déjà eu droit. Et il semblerait que nos ancêtres de la Préhistoire, il y a quelque 130 000 ans, s’y adonnaient déjà. C’est tout du moins ce qui ressort de cette découverte de marques fossiles en Afrique du Sud. Explications.

Cette sculpture de sable est vieille de 130 000 ans !

Le plus souvent, l’art pariétal se manifeste par des dessins tracés ou gravés sur la roche, mais récemment, des archéologues ont découvert ce qui pourraient être les premiers artistes sur sable. Si la majorité ont très logiquement disparu aujourd’hui, effacées par le vent ou les vagues, certains ont traversé les âges, fossilisés. Ce qui explique comment l’on a pu retrouver des dessins vieux de 70 000 ans dans des roches sédimentaires, les éolianites, qui sont des dunes compactées, cimentées et lithifiées. Ces figures tracées tout à fait délibérément dans le sable sont appelées “ammoglyphes”. Et jusqu’à présent, ceux-ci n’ont été découverts qu’au cap sud de l’Afrique. Sur une ancienne plage, non loin d’empreintes de pas, de nombreuses figures géométriques avaient été mises au jour.

Plus récemment, en 2018, des chercheurs ont découvert sur la côte de Still Bay un fragment d’éolianite dont la forme ressemble à celle d’une raie Dasyatis chrysonata sans la queue, malheureusement. Et pour les chercheurs, la symétrie de ce morceau ne laisse aucune place au doute : il s’agit bien d’une sculpture de sable réalisée par l’Homme. Les rainures parallèles et la croix visibles sur le “dos” de l’animal, ainsi que la saillie évoquant le départ de la queue, voilà qui fait beaucoup ressembler cet ammoglyphe à une raie.

comparaison ammoglyphe/raieHelm et al. 2024, Rock Art Research

Une raie avec des proportions respectées et plusieurs niveaux de symétrie

Mais comme toujours, avec si peu de matière, cette interprétation n’est qu’une interprétation. Les multiples niveaux de symétrie suggèrent cependant une origine humaine. D’autant que des preuves ont déjà été découvertes montrant que les premiers humains aimaient et savaient reconnaître la symétrie. Et il y a la présence d’une grotte ornée (Blombos Cave) à moins de 30 km du site de la découverte.

L’analyse des roches environnantes date cette sculpture de sable au milieu de l’âge de pierre, soit environ 130 000 ans. Il s’agirait alors de la plus ancienne représentation d’un animal connue à ce jour, bien plus vieilles que les peintures rupestres trouvées en Europe vieilles de 40 000 ans. Pour expliquer cet intervalle de 90 000 ans entre les deux, on pourrait dire que pendant tout ce temps, l’Homme a tracé ses dessins sur des surfaces traversant très difficilement le temps, comme le sable, le bois ou le cuir… Et pour les chercheurs, il est possible que toute notre connaissance de l’origine de l’art souffre d’un biais d’observation lié justement à cette absence des premiers supports d’œuvre. Qui sait, cette petite raie sculptée dans le sable nous permettra-t-elle de mieux appréhender l’origine de l’art. À suivre !

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